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Adrien Ray

dr Laurent Goubau

QU'EST-CE QUE C'EST?

L'hallux rigidus est une arthrite du gros orteil (appelée hallux), plus précisément de l'articulation entre le métatarse et la phalange. L'arthrite se définit par une usure du cartilage, le tissu blanc et lisse qui recouvre l'os. La perte de cartilage est malheureusement irréversible. Elle provoque progressivement un raidissement de l'articulation et une modification rapide de sa mobilité (rigidité). La progression de la maladie se caractérise par le développement d'excroissances ou d'éperons osseux autour de l'articulation, appelés ostéophytes. Il en résulte un conflit mécanique entre ces éperons ou, lorsqu'ils sont volumineux, un conflit direct avec la chaussure. Trois types d'inconfort peuvent survenir : perte de mobilité, douleurs articulaires et développement d'ostéophytes.

PRÉSENTATION CLINIQUE

Habituellement, la mobilité du gros orteil est considérablement réduite et il peut être douloureux lors de la mobilisation ou en flexion dorsale, lorsque la phalange entre en conflit avec l'ostéophyte.

Si la taille de l'ostéophyte est importante, cela provoque un frottement direct avec la chaussure, ce qui est extrêmement invalidant.

QUAND DEVRAIT-ON CONSULTER UN SPÉCIALISTE ?

Une mobilité réduite n'est généralement pas un motif de consultation. En cas de douleur importante lors des mouvements ou du chaussage, il est conseillé de consulter un spécialiste.

L'examen clinique est complété par un bilan radiologique permettant de localiser la position des ostéophytes et de déterminer le degré de gravité de l'affection.

TRAITEMENT NON CHIRURGICAL

La douleur étant principalement due au mouvement du gros orteil, le traitement consiste à limiter au maximum les mouvements. Cela peut se faire par un support plantaire rigide ou par le port de chaussures avec semelle intérieure permettant une mobilité fluide du pied. Le port de chaussures confortables sera recommandé, limitant ainsi la pression directe et douloureuse sur l'ostéophyte.

La prise d'anti-inflammatoires peut soulager temporairement la douleur. Cependant, la plupart de ces traitements ont un effet limité.

TRAITEMENT CHIRURGICAL

Lorsque le traitement conservateur est insuffisant, une intervention chirurgicale doit être proposée.

Plusieurs options sont disponibles en fonction du degré de lésion du cartilage et du développement des ostéophytes.

Lorsque l’usure du cartilage est faible ou modérée et que le problème principal concerne les ostéophytes et les conflits qu’ils entraînent, une simple excision peut produire d’excellents résultats.

Cette technique, appelée chéilectomie , est généralement réalisée par excision ouverte des excroissances osseuses. Ce type de chirurgie est parfois complété par une intervention sur l'os au niveau de la phalange, afin d'améliorer la mobilité en flexion dorsale (ostéotomie de la phalange).

Il est important de noter que cette technique n'altère pas la surface du cartilage. L'arthrite, et donc l'usure de l'articulation, progressent indépendamment. Cette intervention chirurgicale résout le problème du conflit lié aux ostéophytes et restaure une certaine mobilité du gros orteil. Elle offre un soulagement temporaire de la douleur, mais suffit parfois à retarder le blocage définitif de l'articulation (= arthrodèse) pendant de nombreuses années. En effet, toutes les articulations sont entourées d'une enveloppe dure, appelée capsule, qui est soumise à la tension des ostéophytes et augmente la pression exercée sur l'articulation. Après une chéilectomie, cette pression est réduite et les contraintes exercées sur l'articulation sont atténuées.

Lorsque la lésion cartilagineuse est trop importante, la chirurgie privilégiée est le blocage définitif de l'articulation. Cette intervention, appelée arthrodèse , consiste à exciser le cartilage restant, à mettre les deux os en contact et à les fixer par une plaque ou deux vis. Contrairement à l'opinion répandue, le blocage de l'articulation a peu de répercussions sur la qualité de vie et la plupart des patients peuvent reprendre le sport après guérison (75 à 95 % selon le sport). Le port de talons hauts peut être problématique, mais les patients avaient généralement arrêté de les porter avant l'intervention, en raison de la perte de mobilité due à l'arthrose.

SUIVI POST-CHIRURGICAL

Lorsque l'intervention chirurgicale consiste en une simple exérèse des ostéophytes (chéilectomie), la marche est autorisée immédiatement avec des chaussures confortables. Les activités physiques peuvent être reprises dès que la douleur le permet. L'arrêt de travail dure de 2 à 6 semaines, selon la gêne postopératoire et le type d'activité professionnelle.

Après une arthrodèse, la marche en charge est autorisée immédiatement, protégée par une chaussure spéciale pendant six semaines. L'utilisation d'une canne est autorisée uniquement pour des raisons de confort.

La reprise de la conduite est possible après six semaines. Si un seul pied a été opéré, la conduite est autorisée après une période plus courte, à condition que la voiture soit à boîte automatique.

Le retour au travail n'est pas possible avant 3 semaines à 3 mois, selon la profession (métier sédentaire ou plus actif, debout ou non, etc.).

En termes de sport , la natation ou le vélo peuvent débuter après 8 semaines ; la course à pied ou les sports de contact nécessiteront un minimum de 3 mois.

RISQUES ET COMPLICATIONS

Outre les complications possibles après tout type de chirurgie (thrombose, infection < 1 %, algodystrophie < 1 %), il est reconnu que le traitement de l'hallux rigidus comporte les risques et complications suivants :

  • Récidive de douleurs articulaires ou d'ostéophytes en cas de chéilectomie simple. L'arthrite n'est pas modifiée par cette intervention, et son évolution naturelle déterminera la progression de la douleur.
  • Non-consolidation de l'arthrodèse (pseudarthrose). Cette complication possible nécessite une reprise chirurgicale.
  • Lésions nerveuses (généralement temporaires et régressives)
  • Persistance du gonflement (œdème). Normal pendant les 2 à 3 premiers mois, il peut persister plus longtemps dans certains cas.