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Métatarsalgie

dr Laurent Goubau

QU'EST-CE QUE C'EST?

La métatarsalgie signifie littéralement « douleur » sous le(s) os métatarsien(s), situé(s) sous l'avant-pied. Ses causes sont multiples et un examen clinique spécifique permet généralement d'en déterminer l'étiologie et de proposer un traitement adapté.

Le poids du corps est réparti entre les cinq métatarsiens (os du médio-pied, reliés aux orteils). Le premier os, relié au gros orteil, reçoit 2,5 fois plus de poids que les autres. Le reste du poids est ensuite réparti entre les autres métatarsiens. Tout déséquilibre dans cette relation provoque un changement en cascade, c'est-à-dire qu'une charge supplémentaire est appliquée à un ou plusieurs autres métatarsiens. La douleur se développe alors spécifiquement sous les métatarsiens surchargés.

D’autres pathologies peuvent se cacher sous la soi-disant métatarsalgie : une fracture de stress du métatarse ou de la phalange, une rupture de la structure plantaire stabilisatrice des articulations métatarsophalangiennes, une luxation de l’orteil, la formation d’orteils en marteau,… 

Plusieurs causes peuvent être à l'origine de ce problème. La surpression peut être due à un tendon d'Achille raccourci, à un métatarse anatomiquement trop long ou trop raide (vue de profil) par rapport à l'autre, à un affaissement de l'avant-pied lié à l'âge, souvent associé à un hallux valgus, à certains pieds à voûte plantaire haute, à certains troubles neurologiques, etc. 

PRÉSENTATION CLINIQUE

La douleur est toujours localisée sous les têtes métatarsiennes, et des protubérances sont facilement palpables à la base des orteils, avec ou sans formation de callosités (dureté cutanée). La formation de callosités est souvent un signe clinique pertinent et peut être localisée, par exemple sous la deuxième tête métatarsienne, ou plus étendue à l'ensemble de l'avant-pied. Tant que l'hyperpression sous la tête métatarsienne n'est pas gérée, le cal va se redévelopper.

La métatarsalgie est une douleur liée au stress due à une hyperpression à cet endroit précis.

Traditionnellement, le deuxième métatarsien est le premier touché. La douleur est généralement ressentie de façon croissante au cours de la journée, lors de la marche et en station debout prolongée ; elle s'améliore au repos et s'accentue avec le port de talons hauts.

QUAND DEVRAIT-ON CONSULTER UN SPÉCIALISTE ?

Si la douleur persiste malgré la limitation de la charge excessive ou si elle devient invalidante, il est conseillé de consulter un spécialiste. Un examen clinique complet et spécifique permettra d'établir un diagnostic précis et de proposer un traitement adapté.

L'examen est généralement complété par une évaluation radiologique, afin d'affiner le diagnostic et de déterminer la cause de l'affection.

TRAITEMENT NON CHIRURGICAL

Le traitement est principalement non chirurgical. La pression sur l'avant-pied peut être réduite en relaxant les muscles du mollet grâce à des exercices d'étirement du gastrocnémien (tendon d'Achille). Des semelles orthopédiques ou podologiques sur mesure peuvent également redistribuer la pression sous les différentes têtes métatarsiennes. Parfois, dans des cas très spécifiques, une infiltration suivie de six semaines de bandage peut apporter un certain confort.

TRAITEMENT CHIRURGICAL

Si ces traitements ne suffisent pas, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Dans tous les cas, la fonction du pied doit être prise en compte dans son ensemble. Ce traitement peut être réalisé seul ou associé à d'autres interventions chirurgicales :

  • Allongement du muscle gastrocnémien à la partie proximale de la jambe ;
  • Transfert d'un tendon fléchisseur ;
  • Suture de la plaque plantaire stabilisatrice ;
  • En cas d'hallux valgus ou de déformation en varus du gros orteil, cette pathologie doit également être corrigée chirurgicalement.
  • L'intervention la plus courante est l' ostéotomie (ouverte ou percutanée). Elle consiste à soulager la pression exercée sur le ou les métatarsiens, responsables de la surpression, en les raccourcissant de quelques millimètres, en les relevant légèrement, ou par une combinaison des deux. Après une telle ostéotomie, une vis est généralement mise en place afin de maintenir le raccourcissement prédéterminé. Après l'opération, il est possible de s'appuyer immédiatement sur une chaussure postopératoire spécialement conçue.

Plus récemment, la chirurgie percutanée a modifié ces sections osseuses ( ostéotomie ) grâce à l'absence de fixations, au traitement systématique des trois doigts centraux et à une approche théorique différente. En effet, les têtes libérées bougent lors de la marche, jusqu'à atteindre un équilibre correspondant à une répartition uniforme des charges. C'est donc la biomécanique du corps, et non la chirurgie, qui déterminera la position optimale des têtes métatarsiennes. Cette technique est appelée DMMO (ostéotomie métatarsienne mini-invasive distale).

SUIVI POST-CHIRURGICAL

Après toute intervention sur les métatarsiens (ostéotomie de Weil classique ou chirurgie percutanée), le port d'une chaussure orthopédique spécifique est généralement nécessaire pendant 6 semaines. Le pied peut rester gonflé et sensible pendant 1 à 3 mois. La gêne diminue rapidement une fois l'os complètement consolidé ; une confirmation radiologique est nécessaire lors des consultations de suivi.

Les sports moins énergiques comme la natation ou le vélo peuvent commencer 6 semaines après l’opération ; la course à pied ou les sports de contact peuvent reprendre après 3 mois.

La conduite est possible après six semaines. Si un seul pied a été opéré, la conduite est autorisée après une période plus courte, à condition que la voiture soit à boîte automatique.

Une période d'arrêt de travail d'environ 2 à 9 semaines est généralement requise, selon le type d'emploi.

RISQUES ET COMPLICATIONS

Outre les complications possibles après tout type de chirurgie (thrombose, infection < 1 %, algodystrophie < 1 %), les complications suivantes peuvent survenir après une ostéotomie métatarsienne :

  • Retard ou absence de consolidation osseuse (très rare)
  • Gonflement persistant du pied durant plus de 12 semaines (fréquent) généralement spontanément régressif
  • Douleur persistante (rare)
  • Les risques ou complications possibles lors d’autres interventions sont spécifiques au type de chirurgie et votre spécialiste vous fournira des informations complètes.
  • Raideur articulaire . Ce phénomène est fréquent et doit être limité par des exercices quotidiens postopératoires précoces, à commencer quelques semaines après l'intervention.